Nous sommes unis à la classe ouvrière et à toutes les masses laborieuses, aux peuples opprimés et aux nations pour célébrer la Journée internationale du travail de 2023. Nous rendons hommage à nos héros et martyrs dans la lutte contre l’exploitation et toutes les formes d’oppression, contre la cupidité du capitalisme monopoliste, l’inégalité sociale et l’injustice.
La pandémie de Covid-19 s’est achevée par une reprise incomplète et inégale qui a exacerbé la crise de longue date du système capitaliste monopoliste mondial. Cette année est celle de la riposte de tous les travailleurs.
Des nations entières sont exploitées à l’extrême par l’impérialisme dans sa quête de superprofits. Elles sont financièrement étranglées par les États impérialistes et leurs agences multilatérales, leurs banques et leurs accords commerciaux. Le capital et le travail sont engagés dans des batailles féroces. La rivalité inter-impérialiste s’accroît avec une force plus destructrice. Le danger nucléaire est réel. De plus en plus de nations et de peuples affirment leur souveraineté. Les mouvements de libération nationale continuent de lutter pour un monde meilleur, sans impérialisme, sans néocolonialisme, sans fascisme, sans pillage et sans guerre.
Pas d’avenir avec l’impérialisme
La crise insoluble du capitalisme et l’impérialisme moribond nous rapproche à nouveau de la misère et de la dévastation des première et deuxième guerres mondiales du siècle dernier. Non seulement l’impérialisme veut faire porter le poids de sa crise aux travailleurs, mais il opte de plus en plus pour des guerres d’agression et pour le fascisme. Les droits syndicaux sont aujourd’hui bafoués dans 113 pays.
Le régime néolibéral de la clique de Washington visant à surmonter la stagflation (coexistence de l’inflation et d’une croissance lente) des années 1970 nous a été imposé pendant plus de quatre décennies. Le commerce et l’investissement ont été libéralisés, les entreprises d’État ont été privatisées et les réglementations gouvernementales relatives à la conduite des affaires ont été assouplies. La technologie de pointe à forte intensité de capital a accéléré la crise générale de la surproduction capitaliste, tout en supprimant des emplois, en créant davantage de chômage et en faisant baisser les salaires. Les travailleurs sont privés non seulement de leurs moyens de subsistance, mais aussi de leur propre avenir.
Le caractère social de la production est renforcé par les progrès scientifiques, les nouveaux matériaux ainsi que par les technologies et les processus avancés. Mais la propriété monopolistique et l’appropriation privée des richesses créées par le travail social n’ont jamais été aussi prononcées.
La « mondialisation » impérialiste promettait plus de bien-être, de prospérité et de démocratie. Or, elle n’a apporté que plus de misère, de pauvreté et d’inégalité. Les besoins sociaux fondamentaux, tels que la santé et l’éducation sont sacrifiés au bénéfice des profits privés. Les richesses s’accumulent et se concentrent comme jamais auparavant. Les 1 % les plus riches ont deux fois plus d’argent de poche que le reste du monde réuni et 1,7 milliard de travailleurs vivent avec une inflation supérieure à leur salaire.
Aujourd’hui, nous sommes connaissons de nouveau une stagflation pire que celle des années 1970. L’argent bon marché utilisé pour surmonter la récession de 2007-2008 a conduit à la dette mondiale actuelle, qui représente plus de 350 % du PIB mondial. Même les économistes bourgeois constatent aujourd’hui un fort ralentissement économique, une inflation élevée, une dette croissante et une augmentation du coût de la vie. Cette fois, la crise est exacerbée par de nouveaux défis économiques, politiques, sociaux, technologiques et environnementaux.
Pour les économies avancées, le FMI s’attend à un ralentissement plus marqué, passant de 2,7 % l’année dernière à 1,2 % et 1,4 % cette année et l’année prochaine. Neuf économies avancées sur dix sont susceptibles de ralentir. Les marchés émergents et les économies en développement ont quant à eux déjà atteint le creux de la vague. Même d’ici 2024, la moyenne annuelle attendue de l’inflation globale et de l’inflation de base sera encore supérieure aux niveaux d’avant la pandémie dans plus de 80 % des pays.
La Banque mondiale prévoit une récession mondiale en 2023 et s’attend à une croissance du PIB de 1,7 %, soit le rythme le plus lent connu,depuis 1993 (excepté les récessions de 2009 et 2020).
La production de guerre et une nouvelle course aux armements ont connu un essor considérable à mesure que les guerres impérialistes d’intervention et d’agression se sont multipliées. La guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis après le 11 septembre a entraîné davantage de terrorisme, de morts et de destructions. Près d’un million de personnes sont mortes tandis que des milliers de milliards de dollars ont été dépensés dans les guerres américaines en Irak, en Afghanistan, en Syrie, au Yémen et au Pakistan. Avec le soutien des États-Unis, Israël multiplie les attaques sionistes en Palestine, au Liban et en Syrie.
La guerre en Ukraine, déclenchée par l’expansion des États-Unis et de l’OTAN aux frontières de la Russie, s’éternise avec des morts en grand nombre, des sanctions plus sévères et un sabotage flagrant du gazoduc Nordstream. Les prix des denrées alimentaires et des carburants montent en flèche. Le pivot militaire américain vers l’Asie pour contenir la Chine et menacer la Corée du Nord et l’Iran a provoqué de nouvelles tensions dans la région. Joe Biden poursuit la politique de Trump en matière de guerres commerciales et de sanctions contre ses rivaux.
Pendant ce temps, aucune nouvelle mesure majeure pour réduire les émissions n’a été prise lors du sommet sur le climat de l’année dernière. Seuls des fonds symboliques pour les dommages environnementaux et le financement du climat ont été obtenus. L’économie verte vantée par les entreprises est devenue une économie de la cupidité pour les monopoles. Les dépenses militaires des gouvernements ont largement dépassé l’aide humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles, climatiques et écologiques.
La décadence culturelle, le mercantilisme plat, l’individualisme, le sectarisme et les fausses croyances se sont répandus à travers l’offensive impérialiste pour tromper l’esprit des travailleurs et empoisonner leur esprit. Les entreprises, les gouvernements et les États utilisent l’exploitation des données et la surveillance des informations et des communications privées à des fins de persuasion et de contrôle économique et politique.
Les travailleurs ne voient pas d’avenir dans l’ordre mondial impérialiste. Plus de trois millions de personnes devraient perdre leur emploi cette année, en plus des 208 millions de chômeurs actuels. La qualité des emplois continue de se détériorer ; les femmes, les jeunes et les travailleurs migrants sont de plus en plus vulnérables. Les États répressifs bafouent la vie des travailleurs et les droits syndicaux, tandis que les guerres impérialistes entraînent une destruction massive des forces productives.
Vague de luttes ouvrières
Dans l’après-guerre, la force des syndicats s’est affaiblie. Le socialisme a subi de graves revers historiques. La guerre froide a pris fin mais a provoqué de nouvelles tensions géopolitiques car les États-Unis tentent désespérément de maintenir leur hégémonie mondiale déclinante.
Pourtant, la crise impérialiste provoque une résistance, comme l’expliquait le regretté fondateur de l’ILPS, Joma Sison. Le socialisme n’est pas mort. L’ILPS tire les leçons du passé.
Les travailleurs s’organisent et luttent pour leurs salaires, leurs emplois et leurs droits. Les travailleurs s’unissent au-delà des clivages de genre, de race, de culture et d’ethnie. Même les travailleurs sous contrat temporaire s’organisent. Nous nous battons comme le reste de la classe ouvrière. Nous luttons ensemble pour les 99 %. Nous nous battons avec toutes les nations et tous les peuples opprimés.
Alors que l’Organisation internationale du travail (OIT) cherche à établir un nouveau contrat social mondial pour relever les défis du travail, les travailleurs eux-mêmes sont à l’avant-garde du changement social.
Dans toute l’Europe, les travailleurs font grève pour obtenir des salaires plus élevés et lutter contre l’inflation. Au début de l’année, 500 000 travailleurs se sont joints aux manifestations au Royaume-Uni, lorsque les enseignants, les conducteurs de train et de bus, les professeurs d’université, les fonctionnaires et le personnel des aéroports se sont mis en grève. En France, plus de 1,28 million de personnes sont descendues dans la rue, les syndicats ayant intensifié leur lutte contre la réforme des retraites du gouvernement, qui prévoit de repousser l’âge de départ à la retraite. Les transports publics d’une grande partie de l’Allemagne sont affectés par des grèves du secteur public dans six États fédéraux. En Espagne, les travailleurs du secteur de la santé à Madrid ont organisé des manifestations de masse contre le système de santé.
Aux États-Unis, les travailleurs forment de nouveaux syndicats. L’année dernière, le nombre de grèves aux États-Unis a augmenté de 52 % en raison de l’activisme croissant des travailleurs. Des contrats de travail importants expirent cette année et d’autres grèves se profilent à l’horizon. La lutte pour un salaire minimum de 15 dollars gagne du terrain, tout comme d’autres revendications sociales.
Les syndicats de l’industrie automobile japonaise réclament les plus fortes augmentations de salaire depuis des années pour compenser l’inflation rapide. Les travailleurs se sont également joints aux manifestations contre l’expansion des bases militaires.
L’année dernière, plus de 250 millions de travailleurs indiens se sont joints aux agriculteurs protestataires lors de l’une des plus grandes grèves nationales jamais organisées. La grève a été lancée conjointement par dix centrales syndicales. Ils ont décidé de s’opposer à la législation du travail, aux privatisations et à l’assujettissement de l’économie indienne au capital international, au détriment de l’autonomie, de la souveraineté et de l’indépendance de l’Inde.
Un demi-million de travailleurs des secteurs public et privé du Sri Lanka se sont joints aux grèves et aux manifestations contre les mesures du FMI en mars. Celles-ci comprenaient un impôt (PAYE) prélevé sur les salaires des travailleurs, des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts bancaires, une réduction de la rémunération des heures supplémentaires, des privatisations et la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans le secteur public.
En Indonésie, les travailleurs continuent de protester contre la loi dite « omnibus » qui permet aux employeurs de réduire les congés obligatoires et les indemnités de licenciement.
Une mission de haut niveau de l’OIT aux Philippines a constaté l’unité croissante des travailleurs en lutte contre les exécutions extrajudiciaires, les enlèvements et autres violations de la justice dans leur combat pour les salaires, l’emploi et les droits démocratiques. Dans le même temps, les attaques du gouvernement contre les syndicats sud-coréens ont été dénoncées.
En Amérique latine, des grèves et des blocages ont eu lieu au Panama, en Équateur, au Pérou, au Brésil et en Argentine. Les syndicats de Glencore en Argentine, au Chili, en Colombie et au Pérou demandent à la multinationale de respecter les droits du travail et de l’environnement. Des affrontements politiques meurtriers éclatent au Brésil et au Pérou, tandis que les États-Unis interviennent au Mexique.
Le plus grand syndicat sud-africain de travailleurs du secteur public continue de manifester dans tout le pays. La population sud-africaine organise une grève nationale. En Eswatini, entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, les travailleurs affrontent le dernier monarque absolu d’Afrique à propos de l’assassinat de syndicalistes. Les Tunisiens se mobilisent contre les persécutions politiques croissantes et la décision du gouvernement de réduire les subventions sur les produits de première nécessité.
Partout dans le monde, les travailleurs se battent pour des revendications qui vont au-delà de celles des syndicats en entreprise et dans les petites strucutres de production. Les travailleurs prennent leur avenir en main.
Persévérer dans la lutte pour la liberté, la démocratie et le socialisme
Dans tous les pays, les travailleurs sont confrontés à un système d’exploitation et d’injustice. Tout en luttant pour nos revendications syndicales et sociales immédiates, nous sommes conscients de la nécessité d’élever la lutte économique au rang d’action politique directe contre l’impérialisme et la réaction locale.
Nous devons combattre les mensonges impérialistes, la désinformation et les faux rapports. Nous devons échanger des informations et étudier sérieusement. Nous devons approfondir notre recherche sociale sur les conditions de travail et de vie en nous rapprochant des masses. Les travailleurs doivent s’unir à tous les peuples et nations opprimés. Nous devons nous-mêmes organiser et mobiliser systématiquement les travailleurs en vue d’une lutte toujours plus intense pour la liberté, la démocratie et le socialisme.
Les partis et mouvements ouvriers deviennent de plus en plus forts à mesure qu’ils s’enracinent dans les masses. Ils se consolident sur le plan idéologique, politique et organisationnel. La défense des intérêts des travailleurs s’étend et implique les gouvernements et les organisations intergouvernementales. De nouvelles alliances, de nouveaux réseaux et de nouvelles formations anti-impérialistes émergent dans différents domaines et à différents niveaux.
Il n’y a pas d’autre alternative au monde capitaliste qu’un monde pour les travailleurs et l’humanité. Les classes dirigeantes ne peuvent plus gouverner à l’ancienne. Nous ne pouvons plus vivre à l’ancienne. Le système pourri doit être brisé et détruit. Les travailleurs, grâce à leur unité, peuvent construire un monde meilleur à notre époque et pour les générations à venir.
Vive la fête internationale du travail !
Vive la solidarité internationale !
Luttons pour la liberté, la démocratie et le socialisme !
Signé : Len Cooper, président de l’ILPS, 28 avril 2023