DRAMES DE MELILLA: DENONCER LA BARBARIE DES FORCES REPRESSIVES MAROCAINES ET ESPAGNOLES ! SE SOLIDARISER, S’ORGANISER, LUTTER AVEC LES MIGRANTS ET REFUGIES POUR LEURS DROITS

Le 24 Juin 2022, le monde entier a été choqué par des images horribles venues de Melilla, enclave espagnole, sur le continent africain, comme l’autre enclave, Ceuta, au Nord du Maroc, mais toutes deux revendiquées depuis des années par le royaume du Maroc.

Des milliers de jeunes migrants, originaires pour la plupart de différents pays d’Afrique Sub-saharienne et du Soudan, ont pris d’assaut les barbelés de Melilla pour franchir ces barrières et rejoindre l’Europe. Cette tentative marquée par des bousculades a aussi connu une répression féroce des forces de l’ordre espagnoles et marocaines installées aux frontières des deux pays. Au moins 30 morts et de nombreux blessés très graves ont été enregistrés parmi les migrants. Les forces répressives ont fait preuve d’une barbarie extrême, donnant des coups de pied ou de matraques aux blessés, menottant d’autres, sans oublier l’utilisation de lacrymogènes et de balles en blanc, laissant de nombreux blessés sans assistance ou soin.

ILPS AFRIQUE /WEST ASIA partage la douleur des familles éplorées, souhaite une rapide guérison aux blessés
ILPS AFRIQUE /WEST ASIA condamne vigoureusement ces violences d’Etat et exige que des enquêtes sérieuses soient menées avec la participation des associations de migrants et de réfugiés. Il exige que les responsabilités soient situées pour que, tous ceux qui directement ou indirectement sont impliqués dans ces crimes d’Etat- à considérer comme des crimes contre l’humanité-, soient châtiés.

Cette situation a d’ailleurs amené le Président de la Commission de l’Union Africaine (UA) à tweeter le 26 juin 2022 : « j’exprime ma profonde émotion et mon inquiétude face au traitement violent et dégradant de migrants africains cherchant à traverser une frontière internationale entre le Maroc et l’Espagne ».

« J’appelle à une enquête immédiate sur cette affaire et rappelle à tous les pays leurs obligations, aux termes de la loi internationale, à traiter tous les migrants avec dignité et à faire porter leur priorité sur leur sécurité et leurs droits humains, tout en réfrénant tout usage excessif de la force ».

ILPS AFRIQUE /WEST ASIA demande à l’UA de s’engager fermement pour que cette enquête ne soit pas enterrée dans des manœuvres politico-diplomatiques qui ne feraient que la faire davantage discréditer par les populations africaines.

C’est l’occasion de dénoncer l’hypocrisie du G7 qui, réuni du 26 au 28 Juin 2022 à Elmau, Allemagne, 2 jours après le drame de Mélilla, n’a pas jugé utile de se prononcer sur ces évènements douloureux. En effet, comment ces pays capitalistes considérés comme étant les plus puissants du monde peuvent-ils s’émouvoir de la détérioration continue de la situation politique et sociale dans le Sahel,… de respect des droits humains et du droit humanitaire, de protection des réfugiés (voir communiqué des Leaders du G7) et ne pas parler du drame de Melilla qui a ému le monde entier ? Quel mépris pour les « petits pays » de ce monde d’autant plus inacceptable que des chefs d’Etat africains ont pris part à la rencontre des 26-28 Juin 2022?

ILPS AFRIQUE /WEST ASIA rappelle que ce drame de Melilla vient s’ajouter à de nombreux autres malheurs, comme celui de Ceuta et Mélilla en Octobre 2005, avec 15 morts, celui de Lampedusa, ile italienne près de la Sicile, en Octobre 2013 avec plus de 300 morts, suite au chavirement d’un bateau transportant des migrants et réfugiés. Dans ce décompte macabre, il ne faut pas oublier les nombreux migrants disparus depuis des années dans le désert du Sahara ou récemment, le 26 juin 2022, les 15 morts ‘ressortissants gambiens, sénégalais, nigérians, guinéens -Bissau et Conakry- à Kafountine, au Sénégal suite à l’explosion de leur embarcation en partance pour l’Espagne ; de nombreux brûlés, des disparus sont enregistrés.

ILPS AFRIQUE/WEST ASIA considère que ces drames doivent être grandement référés aux politiques répressives de l’Union Européenne qui sont à dénoncer et à combattre. Ces politiques se manifestent par:

des barrières infranchissables pour l’obtention de visa d’entrée des Africains en Europe, ce qui n’est pas le cas des ressortissants européens qui ont de grandes facilités pour venir en Afrique;

la mise sur pied de l’agence de l’UE ‘FRONTEX’ (Frontières Extérieures) chargée.de réguler ses frontières. Elle bénéficie de la complicité de certains gouvernements africains qui ont accepté l’externalisation des frontières européennes en Afrique par les contrôles sur les côtes africaines de bateaux par exemple espagnols assistés par les forces africaines (police, marine), le partage d’informations sur des données, Ces politiques répressives n’empêchent cependant pas les jeunes de continuer à tenter leur chance.

Il convient cependant de rappeler que contrairement à une idée bien ancrée, la majorité de la migration en Afrique n’est pas une migration vers l’Europe mais elle demeure être à 80 % une migration intra-africaine.

Il apparait ainsi que les jeunes africains cherchent par tous les moyens à quitter soit leur pays pour un autre pays africain soit le continent dans l’espoir de vivre dans de meilleures conditions et de venir en aide à leurs familles démunies laissées dans leurs pays. Le désespoir des jeunes s’explique par l’état de pauvreté, de corruption, de conflits politiques, de guerre, de la plupart des pays africains où la santé, l’éducation sont dans une situation déplorable. Les richesses économiques, minières, financières sont sous le contrôle de multinationales occidentales qui empêchent le continent de prendre son destin de main. Le Covid 19, la guerre en Ukraine sont venus amplifier la crise dans les pays du Sud.

ILPS AFRICA/WEST ASIA en appelle à une large solidarité pour s’organiser avec les migrants et les réfugiés, victimes des politiques néolibérales qui les poussent à tenter l’aventure.
Ces politiques néolibérales sont non seulement vécues par les migrants mais aussi par les nationaux qui subissent différentes formes d’exploitation et d’oppression. Il s’agit donc de s’organiser, de lutter pour que les peuples et nations recouvrent leur indépendance, leur liberté, qui peuvent garantir leur auto développement et épanouissement et permettre de rester chez soi.

Dans ce sens, la prise de conscience de plus en plus poussée de la jeunesse africaine pour dénoncer et combattre l’impérialisme dans le continent, doit être encouragée.

18 JUILLET 202